.:: Survivre ::.

-"Reste avec moi pour l'éternité...."

Un réveil en sursaut. Le souffle court, la poitrine brûlante, ses joues rosies par toutes ces émotions qui la submergeaient, Yuriko garda les yeux grand ouverts. Après un petit temps, elle finit par se rappeler de cette phrase qui avait été murmurée à son oreille une autre de ces nuits fraîches, il y a de cela pas si longtemps que ça. Ses esprits étant totalement revenus, elle passa son bras sur son front, avant de jeter un œil sur son réveil. 4h41. Trop tôt pour faire quoi que ce soit. Ce n'était pas la première fois qu'elle n'arrivait pas à dormir toute une nuit en entier, souvent réveillée par d'étranges sensations qui lui faisaient tourner la tête alors même qu'elle était allongée la plupart du temps, c'était plus que contraignant. Cette fois-ci, pas le choix, elle n'avait qu'à se lever, car de toute manière, elle n'aurait pas le courage de se rendormir. Comme si son corps ne voulait écouter son esprit, elle se laissa glisser vers le bord du lit pour tenter de se lever. Il semblait si lourd, si dur, que c'était presque une peine de devoir défier la loi de la gravité, mais sa volonté avait réussi à en venir à bout. Une fois debout, c'était comme si elle avait repris le contrôle d'elle-même, et n'avait aucun problème à se diriger vers la salle de bain. Vu l'heure, elle ne pouvait apercevoir aucun rayon de soleil par la fenêtre, le fin manteau de la nuit lui offrant également ses dernières bribes de froidure dont elle se serait passée. Direction, la douche, il n'y avait que ça qui pouvait lui apporter le confort nécessaire pour bien commencer cette journée, avant même que le soleil ne soit levé.

Environ quarante-cinq minutes plus tard, elle sortit enfin de la douche, après avoir bien pris le temps de s'essuyer. Elle n'eut pas le choix, au moment de s'habiller, il fallait qu'elle enfile quelques une de ses protections de Kunoichi, étant donné que l'Hokage lui-même lui avait interdit de se balader sans. Cependant, ces quelques mailles et bandages étaient en grande partie masquées par sa longue robe noire, qu'elle portait depuis quelques temps. Un petit coup de parfum, et elle se rassit pour prendre le temps de coiffer ses longs cheveux d'un noir profond. Pendant ce temps, elle pensait à tout ce qu'elle ferait à l'avenir, elle irait habiter dans la demeure de Saikaku, une fois la cérémonie du mariage passée, et là, ils pourront vivre tranquilles une vie de famille accomplie. Un sourire se dessina sur ses lèvres, alors qu'elle avait fini de se peigner. C'est parti ! Alors que les premières lueurs du jour se faisaient désirées, Yuriko sortit de son appartement, direction l'hôpital.

Le doux parfum de l'aurore enfumait les rues vides du village, la vie ouvrant juste ses paupières avec les quelques portes qui s'ouvraient. C'étaient les marchands qui préparaient leur journée. Yuriko aimait voir ces personnes tout mettre en oeuvre pour offrir aux autres le meilleur de leurs produits, le meilleur d'eux-mêmes, elle savait que protéger ces personnes était le meilleur moyen de les remercier pour leur gentillesse et leur soutien. Tandis qu'elle marchait tranquillement dans cette rue paisible, on l'interpelait, certains juste pour la saluer, d'autres pour lui donner des fruits, légumes et autres, en guise d'encouragement pour l'enfant qu'elle portait. Les joues rosies par la gêne, ce fut les mains pleines - mais pas trop, les gens ne voulaient pas non plus lui donner du poids supplémentaire - qu'elle se rendit à l'hopital.

Une fois arrivée, elle s'assit dans la salle d'attente de la maternité, où d'autres mamans attendaient elles aussi. Tout comme elle, elles avaient un sourire radieux, quelque peu gêné, mais tout simplement resplendissant. En regardant par la fenêtre le lever du soleil, elle oublia le temps qu'elle avait passé à attendre là, alors que son nom venait d'être prononcé.

-"Kiryuchi-san, c'est à votre tour."

-"Sensei... Nous ne nous sommes pas encore mariés... On ne peut pas encore m'appeler..."

-"Pour nous, cela fait des années que vous êtes mariés. Allez, venez.", insista le médecin - qui était une femme, en passant.

Sans résister davantage, Yuriko la suivit dans le cabinet. Elle s'installa sur le lit qui se trouvait au milieu de la pièce, en position allongée. Le médecin souleva la robe pour laisser apparaître le ventre plus très plat de la Kunoichi. Puis, en fermant, elle effectua quelques signes, avant de voir ses mains devenir rouges. Elle plaça sa main gauche sur le ventre, et sa main droite sur son propre œil. Peu après, des petites veines se connectèrent entre la main gauche du médecin et l'estomac de Yuriko, ainsi que la main droite du médecin et son œil. Cette technique pouvait sans doute permettre au médecin de voir ce qu'il y avait à l'intérieur de l'estomac de ses patientes, laissant les petites veines circuler dans leur corps à leur guise.

-"Kiryuchi-san, vous n'avez rien à craindre, vos futurs enfants sont en parfaite santé, ne vous surmenez pas, cela fait déjà trois mois, vous devez être prudente."

Après ces quelques mots, le médecin enleva délicatement sa main gauche, après avoir bien entendu rétracté les veines qu'elle avait déployées. Ses vêtements maintenant arrangés, Yuriko se leva lentement, avec toujours cette horrible sensation qu'avaient laissé les veines derrière elles. Une bonne partie de ce début de matinée était passée sans que personne ne s'en rende compte. Yuriko partit sur le chemin du retour, toute contente. Elle le savait déjà, qu'elle attendait des jumeaux. D'après les dires du médecin, ils n'étaient pas tout à fait jumeaux, car il y avait quelques éléments qui les différenciaient des autres véritables jumeaux qu'elle avait pu voir auparavant. Une telle capacité, cette femme possédait un don extraordinaire. Rien qu'à y repenser, Yuriko se disait qu'elle ne connaissait pratiquement que des Shinobi incroyables avec un talent unique.

D'un seul coup, elle s'arrêta. Elle sentit un gigantesque chakra dans les airs, tellement immense qu'elle en tremblait. Tout de suite après, une détonation, une seule, retentit. Une vague mortelle d'énergie déferlait sur le village, une sorte d'apocalypse prématurée. Yuriko ne savait pas du tout comment réagir face à quelque chose qui fonçait droit sur elle. Puis, d'un seul coup, la terre la recouvrit, sous forme de plusieurs dômes - six pour être plus précis. Que se passait-il ? Vu la manière dont le sol était passé autour d'elle, cela ne pouvait être qu'une technique de type Doton, une technique défensive qui plus est. Elle n'eut pas le temps de réfléchir, car les dômes cédèrent face à la puissance de la vague d'énergie. Yuriko ne pouvait absolument rien faire, elle était maintenant ensevelie sous ces rochers qui devaient la protéger, inconsciente. Environ plusieurs heures plus tard, elle se réveilla, malgré tout, alors qu'elle pensait qu'elle était morte. Quand elle ouvrit les yeux, elle constata qu'elle avait eu pas mal de chance. La disposition de la chute des dômes fit que seule sa jambe gauche avait été heurtée par un rocher. Elle n'avait pas d'espace pour se lever, vu que tout s'était emboîté juste au-dessus d'elle, de manière trop compacte. Il ne restait qu'une seule chose à faire, garder son calme. Sur le côté, elle pouvait faire quelque chose. Elle posa sa main sur son estomac, se demandant si elle devait réellement le faire. Non, il fallait qu'elle sorte d'ici. En reprenant son souffle, elle ferma les yeux un instant. Puis, soudainement, elle les rouvrit en formant des signes rapidement avec ses mains.

Spoiler:

Un tourbillon de feuilles l'emporta hors de cet endroit. Elle atterrit alors sur ce qu'il restait d'un toit de maison, sur les deux jambes. Apparemment, elle pouvait encore se tenir sur ses deux pieds, malgré la blessure qu'elle avait à la jambe. Mais, sa douleur intérieure fut immense quand elle posa les yeux sur ce qu'il restait du village. Rien, il ne restait que des ruines, pas une seule âme qui vive. De là où elle était, elle pouvait voir le sillage des dômes où elle se trouvait, puis elle constata qu'il y en avait un peu partout. Il y avait sans doute d'autres survivants, comme elle, sous ces décombres. L'ennemi devait sans doute toujours se trouver là, il n'y avait pas de temps à perdre. Elle devait le faire, elle devait appliquer ce que lui avait dit Saikaku. Comme toujours, elle avait ce parchemin sur elle, cet unique parchemin que lui avait confié son fiancé. Des larmes coulaient le long de ses joues, alors qu'elle s'accroupit et forma un sceau avec ses deux mains. C'était un adieu, mais elle espérait qu'elle retrouverait son bien-aimé à leur lieu de rencontre, celui des survivants du Clan Kiryuchi. Ainsi, elle disparut, ne laissant que le bruit de ses sanglots derrière elle.

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